Jean Paul Coutard qui a étudié les conceptions carrosseries à l’école de l’automobile de Montréal, a décidé de revenir aider son pays, après avoir travaillé un peu au Canada, dans le transport des passagers. Même s’il reconnaît volontiers que son but de moderniser les transports en commun en Haïti est encore loin d’aboutir, Coutard persévère. Un meilleur système de transport nécessitera beaucoup d’autobus. Or, il en a fabriqué moins de dix depuis qu’il s’est lancé dans cette entreprise au début de la décennie 2010.
Plusieurs mois de « peyi lòk » ont retardé la livraison de ce minibus, a indiqué Jean Paul Coutard, soulignant combien il était vraiment difficile pour son équipe et lui de se rendre au travail à cause des barricades. « Mes commandes de pièces détachées sont restées bloquées à l’étranger », s’est rappelé l’ingénieur en électromécanique, confiant que la fabrication de ce modèle dure environ un mois et demi.
« Mes autobus sont fabriqués spécialement pour Haïti contrairement aux autobus qui entrent en Haïti […] Leur conception ne tient pas compte des mauvaises conditions de nos routes », a fait remarquer Coutard, soulignant que certains concessionnaires avant de placer commande le contactent pour lui demander des idées.
« Mes autobus coûtent un peu plus cher mais ils durent plus longtemps. Sur le long terme, on se rend compte qu’ils sont plus abordables […] Même le système de climatisation est conçu spécialement pour Haïti. Mes autobus restent tout le temps climatisés tandis que les autobus importés, après 6 mois et peut-être un an, leur système de climatisation ne fonctionne plus à cause des mauvaises conditions routières, de l’environnement poussiéreux… », a patiemment analysé Coutard, révélant qu’il passe des commandes spéciales de pièces pour la fabrication de ses autobus.
En dépit du buzz médiatique suscité par son ingéniosité et la construction de son premier autobus de 60 places, Jean Paul Coutard déplore l’absence de financement qui ne cesse de ralentir son travail. Qu’à cela ne tienne ! Il se dit déterminé à aller au bout de son rêve. « Dès le départ, ce sont mes fonds personnels que j’ai utilisés. Même pour ce dernier modèle », a-t-il déclaré, constatant avec une pointe d’amertume dans sa voix la facilité avec laquelle des prêts à l’importation sont accordés par le système bancaire au détriment de la production nationale.

Source : Le Nouvelliste