Dominique est Heureuse de partager avec vous son nouveau vidéoclip GROW MAMA GROW!!
Le public québécois a fait connaissance avec Dominique Fils-Aimé en 2015. Elle était concurrente à l’émission La voix (TVA).
Le chanteur Pierre Lapointe, qui l’avait accueillie dans son équipe, se souvient avoir été instantanément séduit lors de son audition à l’aveugle. « Elle incarnait tout ce qu’une voix classique devait incarner. En même temps, elle était totalement unique. C’est très, très rare d’avoir à la fois cette qualité vocale et une personnalité aussi forte. Et on a beau essayer de ne pas juger par le physique, quand je l’ai aperçue, sa grande beauté m’a frappé en pleine gueule. »
Elle qui n’avait aucune formation musicale s’est frayé un chemin jusqu’à la demi-finale du concours télévisé, où elle s’est inclinée devant un certain Matt Holubowski.
De cette expérience, l’artiste dit avoir acquis la discipline nécessaire pour faire de la musique un métier. « Ce n’était pas une compétition, pour moi, mais une école », lâche-t-elle.
En 2018, elle met la leçon à profit et enregistre Nameless. À mille lieues d’un produit formaté sans personnalité, ce premier album au blues dépouillé, en partie a capella, lui vaut des critiques élogieuses. L’artiste annonce qu’elle est là pour rester.
Nameless sera l’amorce d’une œuvre qui se déploiera sur trois albums. Le fil conducteur : le combat des Afro-Américains vers l’égalité.
Chants noirs, chants d’espoir
Pour la fille d’immigrants haïtiens, cette traversée musicale historique revêt un caractère aussi douloureux qu’essentiel. « Il y a 100 ans, je n’aurais pas pu être sur une scène pour chanter ces chansons, pas pu voter, pas pu vivre ma vie comme je la vis aujourd’hui », souligne-t-elle. Amoureuse de peinture, elle a conçu chacun des volets de sa trilogie autour d’une couleur et d’un style propres à l’époque évoquée. Ainsi, Nameless est bleu comme la tristesse des chants d’esclaves.
Au contraire, le jazzy Stay Tuned! est rouge de passion et de révolte. Sorti en 2019, l’album lui a valu de nombreux prix et reconnaissances – Félix, Juno, Révélation Radio-Canada – et elle a été finaliste au prestigieux Polaris, qui célèbre le meilleur de la musique canadienne.
La trilogie s’est conclue avec la parution, le 12 février 2021, de l’ensoleillé Three Little Words, porteur d’espoir, et de facture plus soul. « Je voulais de la chaleur, illustre-t-elle. Du jaune, de l’orange.» Après la souffrance et le bouillonnement exprimés dans les deux premiers opus, Three Little Words se veut « un moment pour respirer ensemble, guérir ensemble, danser ensemble ». Quant au titre, il suggère les trois petits mots d’une déclaration d’amour. Mais pas seulement. « C’est “I Love You” avant tout, mais c’est aussi le “I Believe You” des dénonciations [d’inconduites et d’agressions sexuelles]. Il y a beaucoup de formules à trois mots qui permettent d’exprimer de l’amour. »
Comme Black Lives Matter ? « Aussi », acquiesce celle qui a manifesté à la suite de la mort de l’Afro-Américain George Floyd aux mains de policiers blancs au printemps 2020. « Black Lives Matter, c’est une façon de dire qu’on veut que tout le monde se sente aimé, apprécié, respecté, et que la vie de chaque personne compte, que ce soit celle des minorités visibles, des Autochtones ou des personnes souffrant de troubles mentaux ou physiques. » Sans colère dans la voix, avec douceur même, l’artiste confirme l’évidence: oui, bien sûr, elle a fait l’expérience du racisme. Qu’elle soit née à Montréal d’une mère médecin n’y change rien.
« Me faire refuser un appartement par quelqu’un sous prétexte qu’il avait déjà loué à un Noir et que ça s’était mal passé, ou me faire dire: “T’es belle pour une Noire” », énumère-t-elle. Et puis, il y a cette question, qui revient en boucle: « Tu viens d’où ? » posée souvent sans malice, mais usante à la longue. « Ç’a l’air anodin, mais ça fait partie des micro-agressions. C’est comme si je n’étais pas légitime d’être québécoise. C’est où chez nous, d’abord ? Parce qu’Haïti, j’y suis allée deux fois dans ma vie, je n’ai aucune attache là-bas. »
source et texte : chatelaine.fr